- Le projet AshCycle poursuit deux objectifs : transformer ces déchets en minéraux pour la construction et réduire l’empreinte carbone de ce secteur en remplaçant une partie du ciment Portland - l’un des matériaux les plus émetteurs de CO₂.
- Si elle est largement adoptée en Europe, cette approche pourrait permettre d’éviter jusqu’à 20 millions de tonnes d’émissions de CO₂ par an.
- Des projets pilotes ont déjà été déployés en Europe, notamment en Belgique, sur lecampus de l’Université de Gand.
Gand, le 9 octobre 2025 – Aujourd’hui, Veolia, l’Université de Gand, ResourceFull, Orbix et SECO ont présenté les premiers prototypes de pavés fabriqués à partir de cendres d’incinération de déchets résiduels, en présence du ministre Jo Brouns et de la gouverneure de Flandre orientale, Carina Van Cauter. Cette collaboration multisectorielle s’inscrit dans le cadre du projet européen “Horizon Europe AshCycle”, qui vise à transformer des résidus de traitement en matériaux de construction durables.
Chaque année, l’incinération des déchets résiduels (valorisation énergétique) génère environ 20 kg de cendres (mâchefers, cendres volantes) pour 100 kg de déchets traités. À ce jour, seule une partie de ces résidus est valorisée en Belgique. Le projet AshCycle, financé par l’Union européenne à hauteur de plus de 10 millions d’euros, explore comment réutiliser ces cendres en toute sécurité et les transformer en ressources pour le secteur de la construction.
Un consortium belge réunissant chercheurs et industriels
En Belgique, la première étape consiste à collecter les cendres dans les unités de valorisation énergétique, puis à les traiter dans l’installation Veolia de Grimbergen. Les cendres traitées sont ensuite acheminées à l’Université de Gand, où des chercheurs en évaluent la qualité et la réactivité, à la fois comme matériaux et dans des produits finis. Ces derniers sont des produits en béton bas carbone, réalisés en collaboration avec ResourceFull et Orbix. SECO intervient ensuite dans le dispositif de contrôle qualité.
Stijn Matthys, professeur à l’Université de Gand et coordinateur du projet, précise :
Dans nos laboratoires, nous analysons ces cendres d’incinération locales pour évaluer leur utilisation
dans différents bétons bas carbone. Nous testons leur résistance, leur durée de vie et leur sécurité
environnementale afin d’évaluer leur pertinence pour des applications concrètes dans le secteur
de la construction.
Trois types d’application sont alors explorés :
- utiliser les cendres comme matériau cimentaire complémentaire (SCM) pour remplacer une partie du ciment Portland;
- combiner les cendres et des sous-produits métallurgiques (scories), puis les activer chimiquement afin de produire un béton géopolymère, sans ciment Portland;
- intégrer un mélange de cendres et de scories dans des procédés permettant la séquestration permanente du CO₂ dans le béton lors de sa production.
Qu’elles remplacent partiellement le ciment Portland ou s’en affranchissent, ces approches pourraient réduire l’empreinte carbone du béton d’environ 0,7 tonne de CO₂ par tonne de ciment conventionnel remplacée. Adoptées à grande échelle en Europe, ces solutions pourraient permettre d’éviter jusqu’à 20 millions de tonnes de CO₂ par an - transformant les cendres d’incinération en un minéral ou un liant de haute performance pour la construction durable.
À terme, ces avancées pourraient transformer non seulement le secteur de la construction, mais aussi favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de matériaux durables au service de l’économie circulaire.
Des pavés à faible empreinte carbone sur le campus de l'université de Gand
Pour passer du laboratoire au terrain, le consortium AshCycle déploie des projets pilotes dans
plusieurs pays européens. En Belgique, l’Université de Gand en assure la coordination et travaille
avec ses partenaires pour installer des pavés signés AshCycle sur son campus :
- Veolia fournit les cendres issues de la valorisation énergétique, préalablement traitées,
- ResourceFull conçoit des pavés bas carbone par activation alcaline;
- Orbix produit une variante durable de béton décarboné (Carbstone),
- SECO assure le contrôle qualité, la sécurité et la performance environnementale du béton.
Après des essais encourageants, deux zones pilotes de 50 m² chacune ont été installées sur le campus de l’Université de Gand : l’une en pavés de béton alcalin activé, l’autre en pavés Carbstone.
Franck Arlen, CEO de Veolia Belgique et Luxembourg, conclut :
Sur nos sites belges de Grimbergen et de Gand, nous offrons déjà une nouvelle vie aux cendres issues de la valorisation énergétique des déchets, mais restons constamment en recherche de nouvelles solutions pour toujours mieux réutiliser les matières. Ce projet de recherche s’inscrit pleinement dans notre stratégie GreenUp, qui vise à régénérer les ressources et à décarboner l’industrie. Participer à des projets tels qu’AshCycle, qui réunissent chercheurs et industriels, c’est explorer de nouvelles pistes pour transformer les ressources encore inexploitées d’aujourd’hui en matériaux utiles pour demain.